Le XXe siècle est marqué par l’échange marchand, le commerce, l’exportation, l’importation. Aussi, il est régi par des transactions faciles et rapides. Mais, l’échange marchand n’incite pas aux relations : en achetant notre fromage, nous ne devons plus rien au fromager et ne ressentons pas de reconnaissance. A contrario, le don ne cherche pas l’équivalence. Volontaire, le don nous lie et fortifie nos rapports sociaux.

Comment le lien social s’établit-il grâce au don ?

En payant un objet par exemple, il n’y a plus de dette envers l’autre : je t’ai donné ce que je te devais, nous sommes quittes, je n’y pense plus. Ainsi, un échange marchand suscite une relation commerciale, mais abolit directement cette même relation dès lors qu’il est fini. Le lien à l’autre est alors comme effacé, chacun retrouve son indépendance.

À l’inverse de l’échange, le don ne permet pas l’équivalence, mais naît de la propre et seule volonté d’un individu. En donnant, le donneur ouvre la relation avec le receveur, lui offrant une partie de lui et s’alliant avec lui. En donnant sa montre, le donneur offre un souvenir au receveur, gardant une trace à vie indélébile et une belle image de générosité. Comme un pacte d’alliance, presque amical, le don initie la relation et laisse la porte ouverte au receveur de donner, ou redonner plus tard à son tour, quand il en aura envie.

On pense d’ailleurs ici à l’anthropologue Marcel Mauss et ses études des systèmes d’échanges basés sur le don et le contre-don dans les sociétés primitives. En refusant un don, le receveur brise le rapport social. S’il accepte, il devra alors rendre, mais plus tard. S’il le fait immédiatement, il refuse là encore le lien social. Selon Marcel Mauss, le don comme acte social sous-entend que notre bonheur passe par celui des autres, avec de vraies règles éthiques : donner, recevoir et rendre. Il tisse un lien dans le temps.  

Don et estime de soi

Le don et le contre-don reposent aussi sur la confiance entre les individus, sur l’honneur et la fierté de chacun. En créant le lien social, nous sommes aussi plus heureux, plus confiants en nous : c’est en montrant notre générosité que l’on s’ouvre aux autres et ainsi qu’ils s’attachent à nous. Cercle vertueux, il augmenterait donc l’estime de soi. Et d’ailleurs, la plus belle manière de développer cette estime de soi est de donner aux autres. Grande preuve d’amour, le don rappelle que l’on n’attend rien en retour, sans espérer de reconnaissance ni de remerciements. C’est ici aussi que l’on sait que nous nous aimons nous-mêmes, et que nous avons confiance en nous (on ne donne pas pour que les autres nous aiment, mais par vraie envie et générosité). Tout le monde est fier de donner : on pense aux enfants qui se vantent devant leurs parents d’avoir donné un jouet. Donner, c’est avoir du recul, être détaché des choses.

Le donneur ressent alors une forme d’honneur dans le fait de savoir donner. Il se sent plus ouvert, sociable, avec une réelle envie de recommencer.

Vers une économie collaborative ?

Véritable activité humaine de personne à personne, l’économie collaborative permet la production de la valeur en commun, reposant sur de nouvelles formes d’organisation du travail et d’échanges. Comme l’indique la définition de Wikipédia, « elle repose sur une société du partage, qui passe par la mutualisation des biens, des espaces et des outils, des savoirs (l’usage plutôt que la possession), l’organisation des citoyens en réseaux ou en communautés et généralement l’intermédiation par des plateformes Internet ». En effet, les technologies numériques ont eu un impact considérable dans l’essor de l’économie collaborative. Modèle socio-économique à part entière, l’économie collaborative est un retour authentique aux liens sociaux et à l’aide entre les acteurs.

Donner fait partie intégrante de cette économie collaborative. Ce nouveau mode de vie favorise l’usage plutôt que la possession. Ces interactions induisent des logiques communautaires fortes, puisque les moyens sont trouvés par les particuliers pour s’organiser entre eux et consommer autrement.

Quelle expérience quand je donne ?

Internet donne donc une autre échelle à ces échanges et optimise la mutualisation. Grâce à la géolocalisation, GEEV vous offre la possibilité de savoir si, autour de vous, quelqu’un dispose de l’objet que vous cherchez, sans l’acheter. De même, l’application vous permet de donner vos objets en trois clics et de vous en débarrasser très rapidement. Le numérique permet donc d’aller beaucoup plus loin dans la rencontre et dans l’échange, favorisant cette économie collaborative.

Vivez l’expérience ! Testez par vous-même : mettez un objet à donner, quel qu’il soit. Vous allez très rapidement recevoir des messages de personnes souhaitant obtenir l’objet. Vous allez aussi vous rendre compte à quel point cet objet les intéresse et le plaisir provoqué dans l’idée de le récupérer. Et, comme le plaisir est contagieux, vous allez ressentir une forme de satisfaction.

Ensuite, fixez un rendez-vous pour le remettre en mains propres.

Cette rencontre aura ce doux parfum de tranquillité de sérénité : l’absence de transaction marchande, d’argent et ou de négociation à n’en plus finir pour espérer gagner quelques euros en plus, permet de se soulager d’un poids que l’on semblait porter depuis trop longtemps maintenant.

Des sourires de votre part, et de celui de l’adopteur, une phrase gentille, et peut-être un coup de cœur amical qui vous fera revoir la personne. C’est un véritable lien social qui s’établit alors entre vous. Une belle rencontre comme nous n’avons plus l’habitude d’en faire. Vous ferez alors partie de cette grande communauté GEEV, et vous voudrez recommencer à vivre cette expérience, si belle, à contre-courant de ce que l’on vit normalement au quotidien. Le lien se fait, et le système de dons d’objets prend tout son sens.

Si le don permet d’exister et d’appartenir à un monde, il est un vrai vecteur du lien social et de nos rapports aux autres. Et, dans notre rapport à nous-mêmes, il permet de se détacher des éléments superflus, nous faisant revenir à nos valeurs fondamentales. Le don renforce l’image et l’estime de soi : c’est aussi pour ça que cette économie du partage devient de plus en plus dynamique.